Lors d’une assemblée, organisée le 28 mai 2002 à Ooty (ville d'altitude du Tamil Nadu) par le Réveil de la religion mère, celui que l’on appelle le "pape de l’hindouisme", Swami Jayendra Saaraswati, a tenu des propos très agressifs contre les conversions au christianisme et a appelé tous les Indiens à revenir vers l’hindouisme, qualifié par lui de "religion mère"(Ucanews, 3 juin 2002).
Eglises d'Asie (EDA) - 15 juin 2002 - Le dirigeant religieux hindou est le supérieur du monastère Kamakoty, situé dans le sud de l’Etat du Tamil Nadu, l’un des quatre établissements religieux fondés au VIIIe siècle dans quatre régions de l’Inde par le philosophe hindou Adi Sankara, artisan d’un renouveau de l’hindouisme à cette époque. A ce titre, Swami Jayendra Saraswati est vénéré comme le 69e successeur du fondateur du monastère.
Interrogé sur le mouvement de conversions au christianisme, il a expliqué que, si quelqu’un voulait réellement pratiquer sa religion, il pouvait le faire, mais sans troubler la culture indienne. Selon lui, les Indiens appartiennent à une seule nation et à une seule religion.
Au cours de la réunion, qui représentait l’aboutissement d’une campagne de mobilisation contre les conversions au christianisme dans le district de Nilgiris du Tamil Nadu, il a appelé les participants à ne pas déshonorer leur pays en se tournant vers d’autres confessions. Dans un entretien accordé à l’agence Ucanews, le dirigeant hindou a répété que chaque Indien appartenait à la grande religion de l’hindouisme et il a appelé tous les convertis à revenir dans le sein de la religion maternelle : "Que personne ne succombe à l’attrait de l’argent ou de cadeaux, tombant ainsi dans le piège tendu par les convertisseurs!"
Les arguments employés par le religieux hindou sont bien connus des chrétiens. Les dirigeants hindouistes accusent depuis longtemps les chrétiens d’utiliser des fonds en provenance de l’étranger pour convaincre les populations minoritaires ou les pauvres de se convertir au christianisme. Ces conversions sèmeraient la perturbation dans le système social indien à cause des habitudes alimentaires et des pratiques culturelles différentes des chrétiens.
Le haut dirigeant hindou a exprimé publiquement l’estime qu’il porte au Rasthtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS) et à ses organisations annexes, qui contribuent au réveil de l’hindouisme à travers le globe tout entier. Il a même affirmé que si, aujourd’hui l’organisation hindouiste appelée Shiv Sena (Armée de Shiva) est quelque fois agressive, c’est en raison des circonstances (SAR News, 4 juin 2002).
Juste avant la réunion de Ooty, le Réveil de la religion mère avait mené une campagne dans 260 villages du district de Nilgiris (district du Tamil Nadu, frontalier du Kerala et du Karnataka), surtout habité par l’ethnie Badaga. Celle-ci compte quelque 765.000 membres dans la région; selon les militants hindous, ils subissent l’influence néfaste des missionnaires chrétiens. Les fidèles chrétiens sont au nombre d’environ 4.000.
La campagne a surtout porté sur les conséquences néfastes des conversions au christianisme et a souligné combien les religions étrangères telles que le christianisme avaient ébranlé le système culturel hindou et porté un coup sévère à la paix, la fraternité et la solidarité traditionnelles des villages.
Pendant la réunion, le président de la section locale du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) s’est adressé aux chefs de village Bagada pour leur demander de ne pas permettre aux chrétiens de se livrer à des activités de conversion à l’intérieur des villages. Il a même déclaré que ceux qui menaient ce type d’activités devaient être dénoncés à la police pour trouble de la paix et de l’harmonie sociale.
Des sources chrétiennes ont également rapporté que, lors de la campagne, les militants hindous ont menacé la population de représailles si elle participait aux services religieux chrétiens. Ils lui ont demandé de ne pas permettre aux pasteurs de prêcher et d’utiliser le dialecte badagu lors des offices publics. Un des dirigeants hindous a également accusé le diocèse de Ootacamund de détourner, pour financer des conversions, des fonds envoyés de l’étranger pour le service social, allégations aussitôt démenties comme "totalement fausses" par le directeur des services sociaux du diocèse.
Cette information a été publiée dans le N° 355 (16 juin 2002) d’Eglises d’Asie, Agence d’Information des Missions Etrangères de Paris (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07).