Le diocèse anglican canadien de New Westminster (British Columbia) a décidé le samedi 15 juin 2002 d'autoriser la bénédiction religieuse des unions de couples de lesbiennes et d'homosexuels. Cette démarche provoque une crise qui pourrait avoir des répercussions sur la Communion anglicane à l'échelle internationale: George Carey, archevêque de Cantorbéry, considère que cette décision menace l'unité de la Communion anglicane. Les primats anglicans de plusieurs pays de l'hémisphère austral ont déjà protesté.
En 1997, les évêques anglicans du Canada avaient rejeté la bénédiction religieuse d'unions homosexuelles, tout en admettant une latitude pastorale aussi grande que possible dans le ministère des homosexuels. L'Eglise épiscopalienne américaine des Etats-Unis s'était prononcé dans le même sens, mais certains diocèses ont quand même passé outre: le diocèse du Delaware a ainsi approuvé la bénédiction des unions homosexuelles en octobre 2001.
Le diocèse de New Westminster s'était déjà prononcé à deux reprises en faveur de telles bénédictions, en 1988 et 2001, mais à une marge trop faible, ce qui avait conduit l'évêque à ne pas donner son approbation, rappelle Ecumenical News International (ENI, 27 juin 2002). Cette fois-ci, en revanche, une claire majorité s'est dégagée: 215 voix contre 129. Cette bénédiction sera sans conséquences légales et ne devrait pas ressembler à une cérémonie de mariage.
Les représentants de neuf paroisses ont quitté la réunion en signe de protestation. Ces paroisses ont déjà annoncé ne plus vouloir demeurer dans le diocèse et demandé la nomination d'un "évêque itinérant" (flying bishop), comme ceux qui ont été mis en place en Grande-Bretagne pour le suivi pastoral des paroisses n'acceptant pas l'ordination des femmes. Mais cela ne semble guère entrer dans les intentions de l'évêque Michael Ingham, qui avait annoncé par avance, dans une lettre du 4 juin 2002, n'avoir aucune intention d'accepter une "balkanisation" de son diocèse; il s'y déclarait prêt à désigner un évêque extérieur au diocèse comme visiteur épiscopal pour les paroisses refusant la bénédiction d'unions homosexuelles, mais tout en maintenant l'autorité canonique de l'évêque diocésain et en exigeant que ces paroisses continuent de remplir leurs obligations financières envers le diocèse - deux conditions que les dissidents conservateurs ne paraissent guère prêts à accepter [la lettre n'est plus accessible à l'URL d'origine, mais peut encore être consultée grâce à Internet Archive - 29-08.2016].
Le 17 juin 2002, 13 évêques anglicans du Canada - soit un tiers de l'épiscopat de ce pays - ont regretté la décision et demandé au diocèse de New Westminster de ne pas la mettre en application: elle leur paraît en effet ne pas être en accord avec "l'enseignement moral de l'Ecriture sainte et la tradition de l'Eglise universelle" (CNEWS, 17 juin 2002). 23 évêques des Etats-Unis ont également demandé à Michael Ingham de ne pas aller de l'avant. Mais Michael Peers, primat de l'Eglise anglicane du Canada, a refusé de convoquer une réunion d'urgence de l'épiscopat pour examiner la situation.
La décision du diocèse de New Westminster constitue un élément de plus contribuant à la division entre certains milieux anglicans occidentaux et l'anglicanisme des pays du Sud, dont le poids est de plus en plus grand dans la Communion anglicane, tandis que le nombre de fidèles occidentaux connaît un délcin constant. En réponse à un appel du 14 juin 2002, Emmanuel Kolini, archevêque anglican du Rwanda, a annoncé le 27 juin 2002 qu'il serait prêt à prendre sous sa protection les prêtres opposés à la bénédiction des couples homosexuels (National Post, 28 juin 2002). Avec d'autres évêques anglicans non occidentaux, l'archevêque Kolini soutient déjà l'Anglican Mission in America (AMIA), qui offre un refuge à des épiscopaliens conservateurs; des "évêques missionnaires" ont été consacrés pour son service.
Un porte-parole des dissidents, le Rév. Ed. Hird, a déclaré que ceux-ci avaient espéré recevoir une assistance d'autres évêques anglicans canadiens. Mais même ceux qui approuvent leur position peuvent difficilement leur offrir leur soutien pastoral sur le territoire d'un autre diocèse, raison pour laquelle ils explorent les possibilités de se rallier à une autre structure anglicane, telle que l'AMIA, rapporte le service de presse de l'Eglise anglicane du Canada (28 juin 2002).
Jean-François Mayer
Un site anglican canadien conservateur, Classical Anglican News Sources, rassemble les nouvelles sur les derniers développements, régulièrement mises à jour:
http://www.prayerbook.ca/cann/newwest2/newwest2.html [ce contenu ne semble malheureusement plus accessible – 29.08.2016]
Le site d’Anglican Essentials, groupe qui a mené la bataille des conservateurs contre la prise de décision du diocèse de New Westminster:
http://www.anglicanessentials.org/ [le site d’origine n’existe plus – 290.08.2016]
Fidelity, un groupe anglican de Toronto qui s’occupe de questions éthiques et s’oppose également à la bénédiction de couples homosexuels:
http://www.anglicanfidelity.com/ [ce site n’existe plus – 29.08.2016]
La lettre de l’archevêque Emmanuel Kolini aux anglicans canadiens du diocèse de New Westminster lui demandant son assistance [copie accessible grâce à Internet Archive – 29.08.2016]: https://web.archive.org/web/20040504200638/http://www.prayerbook.ca/cann/2002/06/cann0446.html