La Cour supérieure du Québec a donné à un jeune sikh de 12 ans le droit de porter le kirpan (poignard rituel) à l'école qu'il fréquente. Mais ce n'est pas encore le dernier épisode, car le gouvernement québecois entend faire appel de cette décision.
Pour l'arrière-plan de l'affaire, on peut lire les deux articles dans lesquels nous l'avions évoquée:
Port du kirpan au Canada (23 février 2002)
Affirmation identitaire des sikhs (23 avril 2002)
C'est le 17 mai 2002 qu'est tombée la décision de la Cour supérieure du Québec, qui établit en principe un précédent légal pour toutes les écoles de la province. Après avoir déjà autorisé en avril le jeune sikh à retourner à l'école avec son kirpan dans l'attente du jugement, la Cour supérieure a adopté une solution de compromis supposée prendre en compte à la fois les préoccupations de sécurité dans le cadre scolaire et le respect de la liberté religieuse, l'écolier sikh sera autorisé à porter son kirpan d'une longueur d'une dizaine de centimètres, mais celui-ci devra se trouver dans un fourreau en bois enveloppé dans un tissu cousu; il devra en outre être porté sous les vêtements de l'élève.
L'absence de tout incident violent impliquant un kirpan dans la province a pesé dans la balance, a expliqué la juge, Danielle Grenier.
Cependant, le ministre de la Justice du Québec a annoncé le 27 mai que le gouvernement avait décidé d'en appeler de la décision. Même symbolique, une arme reste une arme, estime le gouvernement, qui se fixe une politique de "tolérance zéro" sur le port d'armes blanches dans les écoles.
Rappelons que des provinces anglophones du Canada avaient déjà été amenées à se prononcer sur le port du kirpan il y a plusieurs années. En 1990, à la suiute d'une affaire similaire dans l'Ontario, une commission d'enquête officielle avait conclu que l'interdiction du port du kirpan sur le territoire scolaire violait le Code des droits de l'homme de l'Ontario et constituait une discrimination à l'encontre des sikhs. Différentes conditions semblables à celles posées par la Cour supérieure du Québec avaient simplement été définies.
Jean-François Mayer
La presse canadienne a largement évoqué l’affaire en cours. Sur les précédents dans l’Ontario, on peut lire l’article de Sarah V. Wayland, “Religious Expressions in Public Schools: kirpans in Canada, hijab in France”, in Ethnic and Racial Studies, 20/3, juillet 1997, pp. 545-561.