En juillet 2002, un cosmonaute juif israélien, le colonel Ilan Ramon, né en 1954, devrait s'envoler à bord d'une navette spatiale de la NASA pour une mission de 16 jours. Seul problème pour un juif pratiquant: comment respecter le sabbat en orbite?
Toute innovation technologique qui transforme notre relation au temps et à l'espace entraîne des conséquences et soulève parfois des problèmes inattendus sur le plan religieux - tout en donnant également naissance à des stratégies d'adaptation. Il y a quelques années, un site Internet - disparu depuis - avait fièrement annoncé être le premier à débrancher le serveur pendant le sabbat. Mais celui-ci ne commençant pas au même moment sur tout le globe, cela signifiait que des visiteurs aux antipodes ne pouvaient accéder au site alors que le sabbat était déjà terminé ou n'avait pas encore débuté pour eux.
Le colonel Ramon n'est pas le premier juif à devenir astronaute, mais il est en revanche le premier à vouloir respecter dans l'espace les règles de sa religion: bien que pas particulièrement pratiquant, il en fait une question de principe. Pas de problème pour consommer à bord une nourriture casher. En revanche, plusieurs journaux et magazines ont rapporté au mois de mai d'autres épineuses questions que soulèvent ces exigences religieuses.
En effet, si une orbite autour de la terre (c'est-à-dire techniquement un jour, puisque le soleil s'est levé et couché du point de vue de l'astronaute) dure 90 minutes, cela veut dire que le sabbat dans l'espace se produit à chaque septième orbite. Comme le fait remarquer Space News, cela signifierait donc un sabbat dans l'espace par 10 heures 30 minutes en orbite.
Le rabbin de la syngaogue que fréquente Ilan Ramon en Floride a soumis le problème à plusieurs autorités rabbiniques à travers le monde. Un éminent rabbin a conclu que les obligations de respect du sabbat ne s'appliquaient pas, car l'astronaute ne ferait pas l'expérience d'un temps terrestre. Un autre rabbin, en revanche, ne partage pas cet avis, puisque la navette recrée dans l'espace des conditions semblables à celles de la Terre (oxygène, etc.); cependant, il estime que le colonel Ramon pourrait être relevé de ses obligations quand même, puisque s'abstenir de contribuer au déroulement de la mission à intervalles périodiques pourrait compromettre la sécurité des participants, et la vie humaine doit avoir préséance sur le respect du sabbat.
Jean-François Mayer
Biographie du colonel Ilan Ramon, fournie par la NASA:
http://www.jsc.nasa.gov/Bios/PS/ramon.html
“Rabbis Debate when Space Sabbath Occurs”
(article du London Sunday Telegraph, repris dans le Washington Times du 27 mai 2002)
[l’article reste accessible grâce à Wayback machine: https://web.archive.org/web/20030211042727/http://www.washtimes.com/world/20020527-4565612.htm – 3008.2016]