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A la fin du mois de juin, Mahathir Muhammad, Premier Ministre de la Malaisie, s'adressera à un séminaire international sur l'adoption du dinar islamique pour le commerce international, particulièrement entre pays musulmans, rapporte Arab News (13 mai 2002). La réunion, organisée sous l'égide de l'Institute of Islamic Thought (un think tank malaisien), se déroulera à Kuala Lumpur les 25 et 26 juin. Cette initiative s'inscrit dans le sillage de la crise monétaire qui avait frappé plusieurs pays (dont la Malaisie) en 1999 et 2000. L'idée du dinar islamique n'est pas nouvelle: il est d'ailleurs déjà utilisé comme unité monétaire dans le cadre de la Banque islamique de développement; mais le dollar est en fait la véritable monnaie de référence de cette Banque, même si les comptes sont présentés en dinars islamiques. La volatilité des marchés et les incertitudes quant à l'avenir du dollar redonnent une nouvelle actualité à cette idée, même si elle paraît devoir se heurter aux réalités économiques des pays du monde musulman (disparités économiques, monnaies faibles, absence de libéralisation, etc.), note l'auteur de l'article, Mushtak Parker.
- Les Etats-Unis se préoccupent de leur image chez les musulmans du Kenya, signale la Lettre de l'Océan indien (N° 997, 25 mai 2002), une publication du groupe Intelligence Online. Les sentiments de la minorité musulmane (dominante dans les régions côtières, où se trouvent des bases aéronavales importantes pour les Etats-Unis) sont mitigés à l'égard de Washington, en raison de sa politique en Afghanistan et au Moyen-Orient ainsi que de la chasse aux islamistes menée avec le FBI au Kenya même. Afin de contrer ces réactions, l'ambassade américaine à Nairobi se livre à une campagne d'information (en mettant par exemple l'accent sur l'islam aux Etats-Unis) et l'USAID (United States Agency for International Development) "va apporter un appui à certaines organisations religieuses offrant des services sociaux à la minorité musulmane du Kenya". La Lettre de l'Océan indien précise que l'USAID négocierait également avec la station de radio musulmane Iqra FM (Nairobi) afin de l'encourager à présenter des programmes pour "combler le fossé informatif et culturel entre le peuple des Etats-Unis et la communauté musulmane kenyane".
- La religion dans les prisons est un thème qui attire l'attention des chercheurs, comme en témoigne le livre de James A. Beckford et Sophie Gilliat, Religion in Prison: Equal Rites in a Multi-Faith Society, Cambridge University Press, 1998. Relevons donc une information diffusée par Radio Free Europe-Radio Liberty (22 mai 2002): une prison de Prague a ouvert au mois de mai un salle de prière destinée aux détenus musulmans. La salle est décorée de versets du Coran. L'initiative de la prison de Ruzyne (non loin de l'aéroport de la capitale tchèque) a reçu le soutien de la Fondation islamique de Prague, qui conseille également les autorités de la prison pour aider les détenus à respecter le jêune du mois de Ramadan. Cette fondation est dirigée par Vladimir Sanka, un converti tchèque à l'islam (la plupart des musulmans dans le pays restent cependant des étrangers). Pour l'instant, aucun imam venu de l'extérieur ne dirige la prière: les détenus choisissent parmi eux celui qui leur semble le plus compétent.
- Plus de femmes portent le foulard islamique aux Etats-Unis, notamment dans les établissements d'enseignement, selon un reportage d'Emily Wax publié dans le Washington Post (19 mai 2002). Les développements des derniers mois semblent conduire, par réaction, à l'essor d'une affirmation identitaire. A côté de l'expression d'une foi accrue, le port du foulard est en même temps une manière de dire la fierté d'être musulmane - voire de témoigner, si l'on en croit l'article, une solidarité avec la cause palestinienne. La décision de mettre un foulard semble souvent suivre une période de réflexion: certaines femmes ne s'y sentent pas prêtes d'emblée. Les jeunes filles qui décident de l'adopter ont souvent des mères qui ne le portent pas, relève l'article.
- En raison de l'accroissement du nombre d'étudiants musulmans, les collèges et universités des Etats-Unis cherchent de plus en plus à engager des aumôniers musulmans, à côté de leurs collègues catholiques, protestants et juifs (Religion News Service, 16 mai 2002). Il y aurait 75.000 étudiants musulmans dans des collèges et universités à travers le pays. Il existe déjà 138 branches de la Muslim Students Association (MSA), mais cela ne suffit pas à répondre aux attentes religieuses des étudiants musulmans. Pour l'instant, seul le Hartford Seminary (Connecticut) a un programme destiné à préparer de tels aumôniers musulmans. Il y a déjà une trentaine d'aumôniers musulmans dans des collèges américains. Venant de familles et communautés souvent étroitement liées, les étudiants musulmans se sentiraient parfois isolés à leur arrivée sur les campus américains, affirment des enseignants.
Jean-François Mayer