Pour quiconque s'intéresse à la vie des religions dans les pays communistes ou postcommunistes, le nom de Keston sonne comme une référence, tant est longue l'expérience de cette institution. A son origine se trouve un ecclésiastique anglican, Michael Bourdeaux, qui découvrit la vie religieuse de la Russie dans la période difficile du communisme au cours d'une année d'études à l'Université de Moscou (1959-1960). Dans les années 1960, il établit un "Centre for the Study of Religion and Communism". Ce centre se développant, un bâtiment fut acquis à Keston (Kent) en 1974, d'où le nom que porte toujours l'Institut. Mais il est aujourd'hui installé à Oxford, où il a emménagé dans de nouveaux locaux à la fin de l'année 2001.
Dès 1974 a été lancé le Keston News Service. Les correspondants du Keston Institute y publient des informations d'actualité au rythme de plusieurs par semaines. Il est possible de recevoir un résumé par e-mail et de consulter à tout moment (gratuitement) ces nouvelles sur le site web du Keston Institute. Keston publie également un petit magazine bimestriel d'une douzaine de pages, Frontier, et surtout une revue académique trimestrielle, Religion, State & Society(autrefois intitulée Religion in Communist Lands), qui paraît depuis 1973 et constitue une riche ressource d'analyses et d'études sur les thèmes traités par Keston. Aujourd'hui encore, il est passionnant de se plonger dans les anciens numéros.
Ressource moins connue: Keston met à disposition des chercheurs sa bibliothèque à Oxford. Outre des livres, on y trouve des archives. Tout d'abord, nombre de documents produits dans la clandestinité par des croyants durant la période communiste: Keston possède l'une des plus importantes collections de samizdat religieux, souvent des pièces uniques, tous les autres exemplaires ayant été confisqués à l'époque par les services de police des pays communistes. Aujourd'hui s'y ajoutent des coupures de presse et des photocopies de documents aujourd'hui déclassifiés de la période soviétique.
A côté de son centre à Oxford, le Keston Institute a un bureau à Moscou. Outre le directeur, Lawrence Uzzell (ancien correspondant de Keston à Moscou, qui a pris la direction de l'Institut en 1999), quatre collaborateurs à plein temps et deux à temps partiel constituent l'équipe de Keston à Oxford. L'Institut a également des correspondants à plein temps à Moscou et en Asie centrale, tandis que le rédacteur responsable du Keston News Service travaille à Londres. C'est donc une petite équipe qui assure un important travail. Il est vrai qu'il peut compter aussi sur un réseau de contacts et correspondants occasionnels dans plusieurs pays postsoviétiques.
Keston entend être confessionnellement neutre (Bourdeaux est un chanoine anglican, l'actuel directeur un converti à l'orthodoxie). A l'exception des méthodistes britanniques, aucune Eglise n'accorde de soutien financier à Keston. En revanche, de nombreuses paroisses de toutes confessions envoient des dons à l'Institut. Keston ne reçoit aucun subside d'un gouvernement et dépend donc entièrement de donations volontaires ou de demandes de soutien à des fondations.
La particularité de Keston reste de se concentrer sur tout pays qui fait ou a fait l'expérience du communisme, souligne Philip Walters, rédacteur de Religion, State & Society. Avec la chute du système soviétique, le travail de l'Institut a beaucoup moins changé que certains ne s'y attendaient. Beaucoup de gens pensaient que le travail de Keston allait se terminer avec l'effondrement du communisme. Mais en réalité, les problèmes de liberté religieuse restent importants. Tout d'abord, même là où la persécution religieuse au sens strict n'existe plus, il peut se présenter des cas de répression et de discrimination, fait remarquer Lawrence Uzzell. L'oppression des croyants se poursuit dans des pays toujours communistes, et la persécution refait surface dans certains pays post-communistes, fait remarquer Philip Walters, en citant l'exemple d'une église adventiste détruite au Turkmenistan en 1999 (la première église chrétienne délibérément détruite par les autorités séculières dans un pays anciennement communiste).
Les Etats issus de l'éclatement de l'ex-URSS et ses anciens satellites restent le domaine de spécialisation traditionnel de Keston (le Keston News Service met beaucoup l'accent sur l'Asie centrale), mais l'Institut va étendre son travail à la Chine et à la Corée du Nord, deux pays dans lesquels la situation en matière de liberté religieuse lui paraît particulièrement préoccupante. (JFM)
Adresse:
Keston Institute
PO Box 712
York
YO1 0GX
Royaume-Uni
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