Informations
- Mexique: théologie de la libération
- USA: toujours à propos de la crise des vocations
- Hindouisme: décès de Sivaya Subramuniyaswami
- Kerala: non brahmanes comme futurs prêtres
- Pèlerinage à La Mecque: mesures de sécurité
- Ukraine: gouvernement et divisions orthodoxes
- USA: prières interreligieuses, une hérésie?
- Ralliement de traditionalistes: précisions
Livres et revues
- Living Zoroastrianism: les parsis aujourd'hui
- IJFM: mission chrétienne en Inde - réflexions
Répertoire
- Pays postcommunistes: services des affaires religieuses
Cours
- Formation continue EPHE - Sciences Religieuses
Mexique: évolution de la théologie de la libération
A l'heure où l'on parle beaucoup des mouvements "fondamentalistes", il est moins fréquemment question des courants relevant de la "théologie de la libération": parallèlement au déclin du marxisme depuis la fin de la guerre froide, on pourrait croire que la théologie de la libération a disparu de la scène. Ce n'est bien sûr pas le cas, et elle trouve toujours des sympathisants, y compris dans des pays occidentaux. Publié par Globalinfo, un reportage daté du 29 janvier 2002 et signé par Diego Cevallos, correspondant d'Inter Press Service (IPS) à Mexico, signale que les "communautés ecclésiales de base" traversent cependant des temps difficiles. Outre la fin de la guerre froide, la démocratisation des gouvernements sud-américains et le renforcement des tendances conservatrices au sein de l'Eglise catholique romaine ont affaibli les partisans de la théologie de la libération - même s'ils préfèrent parler de "transition". Selon les chiffres cités par le correspondant d'IPS, l'Amérique latine compte aujourd'hui moins de 5.000 communautés ecclésiales de base, alors qu'elles étaient au nombre de plus de 10.000 au sommet de la vague. Elles ont le sentiment que la plupart des membres actuels de l'épiscopat latino-américain ne souhaitent guère les voir survivre aujourd'hui. Au Mexique, le dernier rassemblement des communautés ecclésiales de base a eu lieu en l'an 2000; un nouveau rassemblement est prévu pour 2004. (Résumé)
Etats-Unis: la télévision pour résoudre les problèmes de relève dans le clergé catholique romain?
Nous y faisions allusion dans la précédente édition (N° 2, 26 janvier 2002) de la rubrique En bref: la crise des vocations est sévère dans le catholicisme nord-américain, mais des stratégies sont mises en oeuvre pour tenter d'y parer. Dans son édition du 7 février 2002, le Baltimore Sun, un quotidien du Maryland, nous indique que l'Archevêché de Baltimore a lancé une campagne de spots publicitaires à la télévision pour susciter des vocations. "Je suis un prêtre, un homme ordinaire, appelé à faire un travail extraordinaire": c'est par cette déclaration que commence le spot publicitaire, d'une durée de 30 secondes, qui voudrait inspirer au public l'image positive qui était autrefois celle du prêtre. Le coût de cette campagne publicitaire locale est de 17.500 dollars.
L'archidiocèse de Baltimore n'est cependant pas le plus gravement affecté par la crise des vocations, puisque qu'il compte 36 séminaristes et a enregistré six ordinations sacerdotales en 2001. Le P. Jerry Francik, directeur des vocations pour l'archidiocèse, pense que les événements du 11 septembre 2001 peuvent encourager des gens à se demander ce qui compte vraiment dans leur vie. Il tient également à souligner que le problème n'est pas propre au catholicisme: juifs, presbytériens ou unitariens feraient face aux mêmes difficultés.
Comme notre note dans l'édition précédente de la rubrique En bref le signalait déjà, il faut relever également le changement de composition du catholicisme américain, notamment en raison de la croissance du facteur hispanique (plus de 35 millions d'âmes, en majorité catholiques). Comme le rappelle le Washington Times dans son édition du 7 février 2002, au cours des quarante dernières années, plus de 70% de la croissance du catholicisme aux Etats-Unis a été attribuable à l'apport hispanique. Dans plusieurs diocèses, les messes en espagnol se sont multipliées. Les séminaires organisent maintenant des cours d'immersion pour l'apprentissage de l'espagnol. (JFM)
Hindouisme: décès de Satguru Sivaya Subramuniyaswami
Source d'information toujours riche sur l'hindouisme vécu aujourd'hui, le magazine Hinduism Today (fondé en 1979) se transforme à partir de 2002 en trimestriel, mais va mettre en même temps l'accent sur des informations d'actualité sur l'hindouisme diffusées vingt fois par mois par e-mail aux personnes intéressées.
Mais l'article de tête du numéro relate le décès de Satguru Sivaya Subramuniyaswami, fondateur du magazine et figure connue sur la scène hindoue internationale. Bien que ce décès remonte déjà au 12 novembre 2001, le cas de Sivaya Subramuniyaswami mérite l'attention, car il n'était pas né dans l'hindouisme, mais était à l'origine un Américain, né à Oakland (Californie) en 1927. Il se rendit à l'âge de 20 ans en Inde, puis au Sri Lanka, afin d'y trouver un gourou. Il devint le disciple d'un maître tamoul du Sri Lanka, Siva Yogaswami (1872-1964). Retourné aux Etats-Unis en 1950, il y entama son activité publique en 1957, indique Andrew Rawlinson dans la notice biographique sommaire qu'il lui a consacrée. A l'instar d'autres mouvements hindous contemporains, Sivaya Subramuniyaswami utilisa des termes et des structures d'inspiration chrétienne, puisque le mouvement qu'il créa finit par adopter la dénomination de Saiva Siddhanta Church. En même temps, les principes restent bien ceux d'un mouvement de tradition hindoue: avant son décès, la succession a été assurée par le choix d'un nouveau satguru - d'ailleurs lui aussi d'origine nord-américaine.
La maladie de Sivaya Subramuniyaswami fut découverte en octobre 2001: un cancer à un stade déjà avancé. Au lieu de prolonger son existence de quelques mois par des traitements lourds, il fit le choix d'une mort religieuse volontaire en cessant de s'alimenter à partir du 12 octobre, jeûne qui conduisit à son décès après 32 jours.
Tant la biographie de Sivaya Subramuniyaswami que le mouvement qu'il a créé et ses activités transnationales présentent un exemple de la mondialisation de l'hindouisme, dans ses formes aussi bien traditionnelles que modernes. Et cela souligne également l'implantation durable de l'hindouisme en Occident, puisque le défunt était entre autres à l'origine de la construction selon des techniques traditionnelles d'un temple dédié à Shiva sur le site du monastère où se trouve établi le quartier général du mouvemen à Hawaii. (JFM)
Sur les "gourous blancs" (c'est-à-dire les maîtres spirituels d'origine occidentale dans des traditions orientales ou néo-orientales, on peut lire le volumineux ouvrage d'Andrew Rawlinson, The Book of Enlightened Masters: Western Teachers in Eastern Traditions, Chicago / LaSalle, Open Court, 1997. XX+650 p. Le passage sur Sivaya Subramuniyaswami se trouve aux pp. 539-543.
Kerala: des non brahmanes préparés pour servir dans des temples
Les fortes divisions sociales au sein de l'hindouisme n'attirent pas que les commentaires critiques d'Occidentaux: elles sont également perçues comme une faiblesse par des milieux nationalistes hindous, qui estiment qu'elles portent atteinte à l'unité nationale qu'ils souhaiteraient promouvoir. En tout cas dans le discours public des dirigeants nationalistes, l'accent est souvent mis sur ce point, et cela débouche également sur des initiatives de promotion sociale concrète.
Dans son numéro de janvier-mars 2002, le magazine Hinduism Today en offre un intéressant exemple: à l'initiative de la Vishwa Hindu Parishad (VHP) et d'autres organisations liées au milieu nationaliste, une école pour la formation de prêtres a été établie à Nandipulam, village reculé du district de Trichur (Kerala). Bien que n'étant pas issus de familles de brahmanes, auxquelles sont traditionnellement réservées ces fonctions au Kerala, 57 hommes et jeunes gens ont reçu le cordon brahmanique en avril 2001 dans un temple de Cochin. L'idée est que des hommes pieux de toutes conditions doivent pouvoir accéder à la prêtrise. L'article justifie également cette décision en expliquant que de nombreux membres de familles brahmaniques ne respectent plus les prescriptions traditionnelles associées à leur statut et cèdent aux sirènes de l'occidentalisation.
Pèlerinage à La Mecque: mesures de sécurité renforcées
Les effets du 11 septembre se feront également sentir lors du pèlerinage à La Mecque, où sont attendus 1,5 millions de pèlerins, rapporte le New York Times dans son édition du 5 février 2002. De nouvelles procédures de sécurité ont été introduites, y compris des systèmes de reconnaissance digitale et oculaire (ces derniers ne seront pas pratiqués systématiquement, mais sur des pèlerins sélectionnés au hasard lors de leur entrée dans le pays - des contrôles seront ensuite effectués à la sortie pour vérifier qu'il s'agisse bien des mêmes personnes). Même si les problèmes d'immigration illégale sont invoqués pour justifier ces mesures, il ne fait aucun doute que le véritable motif réside en réalité dans les craintes que des groupes radicaux pourraient poser pour la sécurité.(Résumé)
Ukraine: le gouvernement face au problème des juridictions orthodoxes rivales
Depuis plusieurs années, l'orthodoxie ukrainienne est divisée, et c'est un sujet sur lequel nous aurons des occasions de revenir dans les rubriques de Religioscope. A côté des paroisses dans la juridiction du Patriarcat de Moscou, il existe en effet une Eglise orthodoxe ukrainienne-Patriarcat de Kiev et une Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale. Les paroisses dans la juridiction moscovite demeurent nettement les plus nombreuses. En seconde position vient le Patriarcat de Kiev, à la tête duquel se trouve Philarète (Denissenko); né en 1929 et membre de l'appareil ecclésiastique à l'époque soviétique, il fut le Métropolite de Kiev au sein du Patriarcat de Moscou jusqu'en 1992, avant une spectaculaire rupture à ce moment; il devint dès lors un avocat de l'autocéphalisme ukrainien. Quant à la troisième juridiction, l'Eglise ukrainienne autocéphale entretient notamment des relations privilégiées avec la diaspora orthodoxe ukrainienne et, dans une certaine mesure, est l'héritière de tentatives précédentes d'obtenir l'autocéphalie pour l'Eglise orthodoxe de l'Ukraine. En 2001, des signes nets de rapprochement entre les deux juridictions autocéphalistes ont été observés, même si la réputation controversée du Patriarche Philarète constitue sans doute encore un obstacle pour certains.
L'affaire est compliquée tant par les interventions d'autorités politiques que par l'implication de Moscou et de Constantinople dans le jeu ecclésiastique ukrainien. Les autocéphalistes rêvent d'obtenir une reconnaissance officielle de la part de Constantinople, mais cela entraînerait inévitablement une rupture entre les Patriarcats de Constantinople et de Moscou. Quant au Patriarche Philarète, il a déjà déclaré qu'il n'hésiterait pas à soutenir la création de juridictions parallèles sur différents territoires orthodoxes, évoquant il y a quelques années l'éventualité d'un "schisme mondial" dans l'orthodoxie; des paroisses affiliées au Patriarcat de Kiev ont déjà fait leur apparition dans plusieurs régions du monde, suscitant dès 1998 des déclarations inquiètes de hiérarques orthodoxes ukrainiens de la diaspora dans la juridiction de Constantinople (cf. Ukrainian Orthodox Word, mai-juin 1998, pp. 3-4). Il faut dire que l'enjeu d'une autocéphalie ukrainienne est de taille, en raison de l'importance que prendrait l'Eglise ukrainienne si un tel projet se réalisait en incorporant les trois branches actuellement en concurrence: comme l'expliquait un périodique orthodoxe ukrainien aux Etats-Unis, il s'agit de rien moins que du "combat pour établir la plus grande Eglise orthodoxe du monde" (Ukrainian Orthodox Word, nov. 2000, p. 7).
Après les enthousiasmes qui avaient accompagné l'indépendance de l'Ukraine, les autocéphalistes de la diaspora prennent de plus en plus la mesure des obstacles à surmonter. Ainsi, dans un commentaire publié dans le numéro de février 2002 du mensuel Ukrainian Orthodox Word (p. 14), l'Archevêque Antoine (Eglise ukrainienne en Amérique dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople) dresse un constat empreint de pessimisme et se demande "s'il y ou non véritablement un désir d'atteindre une réelle unité dans la vie ecclésiastique en Ukraine". Des évêques, note-t-il, acceptent de participer aux pourparlers en vue de l'unité (encouragés par le Patriarcat de Constantinople), puis se retirent sous des prétextes futiles. La plus petite des juridictions, c'est-à-dire l'Eglise orthodoxe autocéphale de l'Ukraine, semble tout attendre de ses partenaires américains, tandis que le Patriarcat de Kiev "fait tout pour discréditer" ceux-ci. En fait, observe-t-il amèrement, la désunion profite à plusieurs acteurs. L'Archevêque Antoine profite également de son commentaire pour démentir les rumeurs selon lesquelles l'Eglise orthodoxe autocéphale de l'Ukraine serait entrée en négociations avec le Patriarcat de Moscou.
Le gouvernement ukrainien se montre évidemment intéressé à la question de l'unité entre juridictions rivales. Cet intérêt est considéré avec méfiance par les partisans du Patriarcat de Moscou. Le 31 janvier, des membres du Mouvement russe de l'Ukraine, de l'Union des fraternités orthodoxes en Ukraine et de l'Union des citoyens orthodoxes de l'Ukraine ont manifesté devant le siège du Comité d'Etat pour les affaires religieuses de l'Ukraine afin de demander la démission de son président, Vladimir Bondarenko. Le gouvernement ukrainien (en particulier le Comité pour les affaires religieuses) est soupçonné d'interférence dans les affaires religieuses en vue de créer une Eglise orthodoxe locale unie sous la juridiction du Patriarcat de Kiev dirigé par Mgr Philarète. (JFM)
Adresse: Ukrainian Orthodox Word, Official Publication of the Ukrainian Orthodox Church of the USA, P.O. Box 495, South Bound Brook, NH 08880, USA (il s'agit des orthodoxes ukrainiens américains dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople).
URL: http://www.ukrainianorthodoxchurchusa.org
Sur l'arrière-plan des actuelles divisions au sein de l'Eglise orthodoxe en Ukraine, on pourra lire l'article de Taras Kuzio, "In Search of Unity and Autocephaly: Ukraine's Orthodox Churches", inReligion, State & Society, 25/4, déc. 1997, pp. 393-415. Pour plus d'informations, lire également deux articles publiés dans le numéro de sept. 2001 de Religion, State & Society (29/3):Nikolai Mitrokhin, "Aspects of the Religious Situation in Ukraine" (pp. 173-196) et Geraldine Fagan et Aleksandr Shchipkov, "«Rome is not our Father, but neither is Moscow our Mother»: Will there be a Local Ukrainian Orthodox Church?" (pp. 197-205).
Pour suivre l'actualité religieuse de la Russie et des républiques slaves voisines, dont l'Ukraine, les Russian Religious News offertes sur son site par Paul Steeves (Stetson University, DeLand, Floride) constituent une précieuse ressource. Presque chaque semaine, plusieurs articles de la presse russophone sur les questions religieuses y sont traduits en anglais et mis ainsi à la disposition de lecteurs ne parlant pas le russe:
http://www.stetson.edu/~psteeves/relnews/
Etats-Unis: les prières interreligieuses suscitent des crispations
Les événements du 11 septembre ont entraîné un grand nombre de réunions de prière interreligieuse aux Etats-Unis. Mais, comme le notait le rédacteur en chef de la lettre d'information Religion Watch (janvier 2002) dans sa rétrospective sur les évolutions religieuses durant l'année 2001, ces initiatives interreligieuses provoquent des résistances dans des milieux chrétiens conservateurs.
Le New York Times en donne un nouvel exemple dans son édition du 8 février 2002. Un pasteur appartenant à l'importante Eglise luthérienne-Synode du Missouri (2,6 millions d'adhérents, ce qui en fait numériquement la 9e Eglise chrétienne des Etats-Unis) est accusé par 17 de ses confrères d'hérésie et d'idolâtrie en raison de sa participation au service national de prière qui s'était tenu au Yankee Stadium 12 jours après les attentats du 11 septembre 2001, aux côtés de catholiques, musulmans, juifs, sikhs et hindous. En fait, la question divise le Synode du Missouri, d'autant plus que les grands médias américains donnent une grande publicité à cette controverse. Les opposants du pasteur incriminé estiment que participer à une telle réunion revenait à laisser supposer que le Dieu des hindous et des musulmans est le même que celui des chrétiens et que toutes les religions sont valides. La question est de savoir si, dans un tel cas, le caractère strict posé par les principes du Synode du Missouri l'emportent sur la participation à un acte civique. Tel est en tout cas le point de vue de l'"accusé", le pasteur David Benke: il s'agissait d'un rassemblement civique, non d'un rassemblement de culte, et il convenait d'offrir une prière dans un moment de crise nationale.
Si le fait lui-même peut paraître plutôt anecdotique, il reflète des questions qui se poseront de plus en plus sur la nature et les limites d'activités à caractère interreligieux.
Ralliement de Campos: des précisions sur le contexte
L'article publié sur le site Religioscope le 25 janvier 2002 au sujet du ralliement d'un important groupe de traditionalistes dans le diocèse de Campos (Brésil) et de ses conséquences pour Ecône a retenu l'attention de nombreux lecteurs et a été le texte le plus souvent visité sur le site au cours des deux dernières semaines. Il a fait presque immédiatement l'objet d'une traduction intégrale en italien sur le site du CESNUR (Turin).
La rédaction du BTAG, un site d'information traditionaliste [ce site n'existe plus - 03.09.2016], a bien voulu nous communiquer quelques précisions qui intéresseront sans doute plusieurs visiteurs du présent site. Tout d'abord, nous indique le BTAG, il convient de préciser que l'accord n'a pas fait l'unanimité au Brésil: Dom Lourenço Fleichman, osb, du Monastère de Santa Cruz, a adressé en date du 30 octobre 2001 une lettre ouverte aux prêtres de Campos, dans laquelle il leur dit son désaccord ("avec le conseil et l'accord de Mgr Fellay lui-même", précise-t-il) et déplore cette entente séparée. On trouvera sur la même page du BTAG plusieurs autres documents, en particulier les propos tenus par le P. Cottier, théologien de la Maison pontificale, sur les ondes de Radio Vatican pour commenter l'événement de Campos.
En ce qui concerne l'évêque thaïlandais Manat, la rédaction du BTAG nous suggère de préciser que le séminaire de Winona, auquel il est fait allusion dans la note 2 de cet article, est un séminaire de la Fraternité Saint Pie X aux Etats-Unis. Ce séminaire s'inscrit nettement dans la mouvance de Mgr Williamson, l'un des quatre évêques de la Fraternité.
Zoroastrisme: une religion vivante chez les parsis
Au sujet du livre Living Zoroastrianism
Nous avons récemment mis en ligne un choix de liens qui illustrent la vitalité inattendue d'une religion telle que le zoroastrisme sur Internet. Dans la même ligne, signalons l'ouvrage récent d'un spécialiste du zoroastrisme, Philip Kreyenbroek, qui a réalisé de longs entretiens avec des parsis résidant dans des villes indiennes. Alors que l'étude des religions tend à se concentrer sur le zoroastrisme classique et à jauger les parsis d'aujourd'hui à l'aune de celui-ci, Kreyenbroek a pris le parti de les écouter et de s'intéresser à leur foi et à leurs pratiques, dont il donne une description précise.
L'évolution théologique du zoroastrisme s'est interrompue quelques siècles après la conquête musulmane: il s'agissait de survivre. C'est d'ailleurs la raison qui avait conduit un groupe de zoroastriens à partir s'installer en Inde, à une date indéterminée (entre le 8e et le milieu du 10e siècle): les parsis sont leurs descendants. Au 19e siècle, cependant, tant la recherche orientaliste sur le zoroastrisme que l'éducation occidentale ont eu un impact sur la communauté parsie. Des mouvements internes à la communauté, formés par des personnes que décevait la pratique religieuse contemporaine, ont aspiré à redécouvrir ou à redéfinir les enseignements zoroastriens "véritables" et "originels" (un phénomène qui n'a bien entendu pas été unique au zoroastrisme). En outre, nombre de parsis furent attirés par la Société théosophique, même si son influence est affaiblie aujourd'hui. Ces différents courants n'ont pas débouché sur une forme unifiée de zoroastrisme réformé, mais certains exercent toujours une influence sur la communauté.
La communauté parsie compte environ 75.000 membres en Inde, essentiellement dans le Maharashtra, et aussi dans le Gujarat. Il y a quelque 300 prêtres, mais l'enthousiasme des jeunes parsis est faible pour se lancer dans cette carrière (or, il faut être un garçon né dans une famille sacerdotale pour devenir prêtre). A noter l'influence du milieu: nombre de parsis acceptent aujourd'hui la réincarnation, bien qu'elle n'appartienne pas à la doctrine de l'Avesta. La communauté est en outre divisée sur des questions importantes, telles que la conversion ou le mariage avec des non-zoroastriens. Les entretiens instructifs et détaillés reproduits dans la partie centrale de l'ouvrage couvrent les différentes tendances: traditionalistes, néo-traditionalistes (dont une figure de proue qui évoque de fascinantes et nombreuses interactions avec des représentants de la religiosité parallèle occidentale...), modernistes, éclectiques et adeptes de croyances ésotériques. (JFM)
Philip G. Kreyenbroek (en collaboration avec Shehnaz Neville Munshi), Living Zoroastrianism: Urban Parsis Speak About Their Religion, Richmond (Surrey), Curzon, 2001, XVI+344 p.
Réflexions sur la mission chrétienne en Inde
Un numéro de l'International Journal of Frontier Missions
Sous un titre provocateur, mais qui ne reflète que partiellement son contenu: "Evangelical Neo-Marxism in India?", le numéro daté du printemps 2001 (mais en réalité paru tout récemment) de l'International Journal of Frontier Missions [renommé depuis: International Journal of Frontier Missions - 03.09.2016], un périodique évangélique, s'intéresse aux développements au sein de communautés chrétiennes en Inde dans le contexte actuel. Comme le fait observer le pasteur luthérien Herbert Hoefer dans une analyse nuancée de l'arrière-plan des réactions antichrétiennes qu'on peut observer ces dernières années en Inde, "la diffusion des enseignements chrétiens [...] a des ramifications socio-politiques révolutionnaires", qu'il est difficile de contrôler. L'un des auteurs, D.D. Pani, va jusqu'à s'inquiéter de voir l'accent mis sur les couches défavorisées de la société déboucher sur "une version évangélique de la théologie de la libération", en privilégiant le temporel.
Quant à Hoefer, il s'intéresse plus spécialement à une défiance largement répandue non pas à l'égard du Christ, mais envers l'institution ecclésiastique, considérée comme une organisation alliée à l'Occident: il existe en fait de nombreux "croyants en Christ non baptisés", selon l'expression de Hoefer, qui se fonde sur des enquêtes sociologiques qu'il a menées en Inde: ces "croyants non baptisés" se tiennent délibérément à l'écart des communautés organisées. Lors de son dernier séjour en Inde, Hoefer explique avoir rencontré des cercles de "dévots de Jésus" qui continuent à se dire hindous (culturellement) et ont pour principe de ne jamais fréquenter des églises. Cela l'amène, dans un second article en fin de numéro, à poser des interrogations radicales sur le rapport entre baptême et appartenance à une communauté chrétienne. "C'est l'appartenance à une Eglise qui est si contraire à la piété hindoue, si dérangeante pour les familles hindoues, et si menaçante pour les politiciens hindous. Si nous déclarons clairement que l'on peut se convertir à la foi en Jésus et même être baptisé sans se joindre à une Eglise, la plupart de nos difficultés avec la communauté hindoue et avec les partis politiques seront terminées. C'est la conversion à une nouvelle culture, c'est le baptême dans une nouvelle communauté, c'est cela qui fait problème." Il s'agirait donc de distinguer entre conversion et appartenance, entre communautés d'Eglise et communautés de foi.
La question des dalits (au bas de l'échelle sociale, parmi lesquels se recrutent en majorité les convertis en Inde) ainsi que les débats autour de la conversion, occupent une large place dans les articles de ce numéro. En lisant un texte de l'évangéliste Vishal Mangalwadi, on découvre ainsi que nombre de communautés chrétiennes (même évangéliques) sont devenues réticentes à pratiquer des conversions en raison des oppositions que celles-ci suscitent. Certains pasteurs évangéliques, tels que le pasteur Valson Thampu, ont même appelé publiquement à un moratoire sur les conversions. Ce n'est cependant manifestement pas une vue partagée par les auteurs associés à ce numéro.
En marge du dossier publié par l'IJFM s'exprime la question des résultats relativement limités de la mission chrétienne en Inde. Sans financement ou missionnaire étranger, fait observer Pani, le nombre de chrétiens a augmenté sensiblement en Chine au cours des cinquante dernières années (N.B.: les chiffres concernant le christianisme en Chine restent pour l'instant difficiles à vérifier et sujets à controverse); en revanche, avec financement et missionnaires étrangers, la croissance des "chrétiens bibliques" en Inde n'a que très légèrement dépassé le taux de croissance de la population.
Les articles ne prônent pas tous la même approche, et certains lancent un appel vigoureux à une activité missionnaire renouvelée. Mais quelques contributions appellent aussi à une remise en cause des approches et présupposés de missions occidentales envers l'Inde, à commencer - souligne l'article de conclusion de H.L. Richards - par l'application à l'hindouisme de la catégorie de "religion" dans l'acception occidentale du terme, qui aurait "conduit à de sérieuses déformations" dans l'approche de ce qui représente plutôt "une civilisation à facettes multiples".
"Evangelical Neo-Marxism in India?", IFJM (International Journal of Frontier Missions), 18/1, printemps 2001. Le numéro peut être déchargé dans son intégralité sous forme de fichier PDF:
http://www.ijfm.org/PDFs_IJFM/18_1_PDFs/ijfm_18_1.pdf
Pays communistes et postcommunistes: adresses des services gouvernementaux chargés des questions religieuses
Le 29 janvier 2002, le site du Keston Institute - qui suit le développement des affaires religieuses dans les pays communistes et postcommunistes - a mis en ligne un utile document, établi par les soins de Felix Corley: une liste des services gouvernementaux chargés des questions religieuses dans les pays de la CEI, les républiques baltes, l'Europe de l'Est et la Chine. Nom de chaque organisme, de son ou ses responsables, adresses, numéros de téléphone et de fax... un utile instrument de travail, pour les organisations qui se préoccupent de liberté religieuse comme pour les journalistes ou chercheurs. (JFM)
URL: [ce document n'est plus accessible - 03.09.2016]
Ecole pratique des hautes études (Paris): formation continue en sciences religieuses
L'Ecole pratique des hautes études (Paris) compte une Section des Sciences Religieuses, au sujet de laquelle on pourra trouver de plus amples précisions sur son site. Outre les cours classiques sur une impressionnante variété de sujets, la Section offre également - pour ceux qui résident en région parisienne - des cours en soirée dans le cadre de la formation continue, sur plusieurs thèmes: histoire du christianisme, islam, femmes et religions, religions d'Asie, ésotérisme... On pourra trouver plus de précisions sur les programmes annuels en cliquant vers la partie du site consacrée à la formation continue, à partir de la page principale.