Informations
- Afghanistan: réveil du soufisme?
- Monténégro: tensions dans l'Eglise orthodoxe
- Catholicisme américain: crise des vocations
- Islam: conversion d'ambassadeur et apologétique
- Episcopaliens: des évêques volants?
- Religion et Internet au Japon
- Islam et Internet: cyberfatwas
- Millénarisme et culture américaine
- Mormonisme: statistiques
Livres et revues
- I mormoni - dal Far West alle Olimpiadi
- REVER - une revue brésilienne
Afghanistan: réveil du soufisme?
La chute du pouvoir taliban en Afghanistan a aussi des conséquences pour la configuration de l'islam en Afghanistan. Un article d'Anthony Shadid publié le 23 janvier 2002 dans le Boston Globe fait état d'un réveil du soufisme en Aghanistan. Comme d'autres mouvements qui prétendent réformer et purifier l'islam, les talibans avaient réprimé les pratiques soufies. Ils désapprouvaient en effet les visites aux tombes des saints et autres expressions de piété populaire. Plusieurs dirigeants soufis avaient été arrêtés. Les talibans faisaient irruption dans des cérémonies soufies et battaient les participants, racontent des soufis afghans. Aujourd'hui, les drapeaux recommencent à flotter sur les tombes des saints et les rituels traditionnels y reprennent. (Résumé)
Monténégro: tensions dans l'Eglise orthodoxe
Dans son Balkan Crisis Report du 17 janvier 2002 (N° 309), l'Institute for War & Peace Reporting signale une escalade des tensions entre partisans des Eglises orthodoxes rivales au Monténégro. Il ne s'agit pas d'une division religieuse, mais politique: les uns sont partisans de l'indépendance du Monténégro (et veulent donc également une Eglise monténégrine indépendante), tandis que les autres veulent maintenir des liens étroits avec la Serbie (et entendent donc rester au sein de l'Eglise orthodoxe serbe). Les premiers sont surtout forts dans le Nord et les seconds dans le Sud.
Lors de la fête orthodoxe de Noël (selon le calendrier traditionnel de l'Eglise, c'est-à-dire le calendrier julien), les partisans des deux camps ont eu des rassemblements dans des lieux différents. Ceux-ci se sont généralement déroulés pacifiquement, mais des heurts ont eu lieu dans le bastion pro-serbe de Berane.
Rappelons que le schisme qui divise les orthodoxes du Monténégro est apparu en 1993, à l'initiative d'indépendantistes monténégrins qui, rassemblés à Cetinje le 31 octobre de cette année-là, élirent comme chef de l'Eglise monténégrine Antonije Abramovic (1919-1996), un archimandrite orthodoxe d'origine monténégrine, qui avait jusqu'alors exercé son ministère en Amérique du Nord. A sa mort, Mihailo Dedeic lui a succédé. Mais aucune Eglise orthodoxe n'a reconnu le groupe monténégrin. Le mouvement pour une autocéphalie monténégrine part manifestement de milieux laïcs avant tout motivés par des préoccupations nationalistes, comme le montrait déjà un entretien avec l'un de ses idéologues publié dans le numéro d'avril 1994 de la revue Glaube in der 2. Welt (pp. 23-25). Il n'y a pour l'instant aucune indication de formation d'un clergé dans le cadre du mouvement autocéphaliste monténégrin; en outre, son chef s'intitule "métropolite", mais n'est reconnu par aucune Eglise orthodoxe et, surtout, n'a réussi pour l'instant à obtenir aucune consécration épiscopale. (JFM)
Un bref article, dans la perspective du droit ecclésiastique et par rapport à la situation au Monténégro, sur la manière de déclarer l'autocéphalie dans la tradition orthodoxe: Panteleimon Rodopoulos, "Autocephaly in the Orthodox Church and the Manner in Which It Is Declared", in Greek Orthodox Theological Review, 42:3-4, 1997, pp. 213-219.
Page favorable à l'autocéphalie monténégrine:
http://www.montenegro.org/religion.html
Catholicisme américain: crise des vocations
"Trois prêtres ordonnés à Los Angeles": la nouvelle ne mériterait même pas mention en dehors de la presse locale, faisait remarquer le rédacteur de onReligion.com dans son commentaire de l'information - sauf lorsqu'on apprend que ce seront les seuls prêtres catholiques romaines ordonnés cette année dans tout le diocèse de Los Angeles. Ils reflètent aussi la diversité culturelle du clergé californien, souligne le Los Angeles Times dans son article à ce sujet (13 janvier 2002): l'un vient du Vietnam, un autre du Mexique et le troisième de la Pologne. Douze prêtres partiront à la retraite cette année et, pour 4 millions de fidèles, il n'y a que 540 prêtres paroissiaux.
Il n'est donc pas étonnant d'apprendre que va se tenir au mois d'avril à Montréal un congrès nord-américain des vocations au ministère et à la vie consacrée. Les représentants de 265 diocèses du Canada et des Etats-Unis y participeront, indique le National Post (24 janvier 2002). Il fera suite à des congrès similaires en Amérique latin et en Europe. En ce qui concerne la situation au Canada, le quotidien indique qu'il y avait 13 750 prêtres catholiques et 2 645 séminaristes en 1970; aujourd'hui, le nombre de prêtres est tombé à 9 000 environ, avec une moyenne d'âge en hausse, et - surtout - il n'y a plus que 549 étudiants dans les séminaires. (JFM)
Conversion d'ambassadeur et apologétique musulmane
Les médias l'ont annoncé au mois de novembre 2001: Torquato Cardilli, ambassadeur d'Italie en Arabie saoudite depuis le 7 novembre 2000, s'était converti à l'islam. Né en 1942, père de deux enfants, Cardilli est un diplômé en langues et civilisations orientales de l'Université de Naples. Sans doute en raison de ces compétences spécifiques, une grande partie de sa carrière a eu pour cadre le monde musulman (Khartoum, Damas, Bagdad, Tripoli, puis ambassadeur en Albanie de 1991 à 1993 et en Tanzanie de 1993 à 1997). La conversion de Cardilli a été pour les journaux l'occasion de rappeler qu'un de ses prédécesseurs, Mario Scialoja (ambassadeur à Riyadh en 1994-1995), s'était déjà converti à l'islam, à vrai dire avant son arrivée en Arabie saoudite, puisque l'événement avait eu lieu alors que Scialoja était le représentant de l'Italie aux Nations Unies, en 1987. Aujourd'hui à la retraite, mais très actif, Scialoja est devenu le vice-président de la section italienne de la Ligue musulmane mondiale.
Un porte parole de l'ambassade d'Arabie saoudite à Rome n'a pas manqué de souligner que jamais un ambassadeur saoudien en Italie ne s'était converti au catholicisme, rapportait le quotidien pakistanais Dawn en évoquant la conversion de Cardilli (27 novembre 2001). Et plus que cette évolution dans l'itinéraire spirituel d'un homme, ce qui retient l'attention est l'évocation de cette conversion dans de nombreux périodiques et sur de nombreux sites musulmans - qu'une recherche sur Internet ne peut saisir qu'en petite partie, car le nom de Cardilli est souvent déformé au point de n'être plus reconnaissable. Fréquemment, les publications se bornent à mentionner le fait ou à reprendre des articles de presse. La Ligue musulmane mondiale, dont des bureaux sont établis dans différentes régions du monde, diffuse d'ailleurs depuis longtemps en plusieurs langues des livres ou brochures portant des titres tels que Islam, Our Choice. Dans des milieux musulmans, la conversion d'Occidentaux, surtout s'il s'agit de personnalités, est volontiers utilisée comme un argument apologétique. (JFM)
Episcopaliens: des évêques volants?
L'expression de flying bishops est sans rapport avec des talents pour l'aviation, mais désigne ces évêques de l'Eglise d'Angleterre qui, à la suite d'une décision synodale de 1993, ont reçu pour mission d'assurer l'encadrement pastoral des paroisses qui (indépendamment de leur situation territoriale) refusent d'accepter leur évêque diocésain parce que celui-ci ordonne des femmes au ministère sacerdotal. Rappelons que l'Eglise d'Angleterre avait accepté en novembre 1992 le principe de l'ordination des femmes; tout laisse penser que l'accès à l'épiscopat leur sera également ouvert dans les années à venir. 20% du clergé de l'Eglise d'Angleterre serait aujourd'hui féminin. Des activistes anglicans souhaitent en outre obtenir l'abolition de l'Acte de 1993 au sujet des flying bishops, affirmant que cette décision a "institutionnalisé un schisme".
Du côté des épiscopaliens américains, la décision d'accepter l'accès des femmes au sacerdoce remonte à 1976 et a suscité bien des résistances et divisions. Cela n'a pas empêché l'ordination de la première femme évêque épiscopalienne en 1989. Mais le mécontentement des milieux conservateurs au sein de l'Eglise épiscopalienne va bien au-delà de la question de l'ordination sacerdotale des femmes: il porte aussi sur des positions libérales en matière théologique ou morale (homosexualité). Des voix s'élèvent donc pour demander d'envisager l'introduction d'un système d'"évêques volants" pour assurer l'encadrement pastoral de groupes qui se sentent "aliénés" par la pratique de certains évêques "libéraux". L'approche proposée est désignée par l'expression desustained pastoral care.
En décembre 2001, l'évêque-président de l'Eglise épiscopalienne des Etats-Unis a annoncé que la réunion de la hiérarchie épiscopalienne qui doit se tenir du 7 au 12 mars 2002 près de Houston devrait discuter de la question d'évêques spécialement désignés pour visiter les paroisses conservatrices et, en cas de décision positive, des modalités de mise en oeuvre d'une telle politique. Une organisation épiscopalienne conservatrice, l'American Anglican Council (AAC), fait campagne depuis 1999 pour l'introduction du sustained pastoral care. La situation est d'autant plus pressante aux yeux de l'organisation qu'elle prévoit que la Convention générale de l'Eglise épiscopalienne à Minneapolis en 2003 approuvera la bénédiction de mariages entre homosexuels. Le fonctionnement du système du sustained pastoral care serait le suivant: si une paroisse devait se trouver en désaccord théologique sérieux avec son évêque, elle pourrait demander à un évêque d'orientation théologiquement plus conservatrice d'un diocèse secondaire d'assumer le soin pastoral de cette paroisse. Ce système est supposé permettre de réduire les tensions au sein de l'Eglise épiscopalienne, qui conduiront sinon inévitablement à une rupture irrémédiable, estime l'AAC. Mais il va sans dire qu'une telle initiative brouillerait le caractère territorial des diocèses.
L'institution de flying bishops peut cependant entraîner d'autres conséquences: des groupes qui se trouvent en désaccord pour d'autres raisons théologiques pourraient à leur tour se sentir tentés de demander des mesures semblables à leur profit. En l'an 2000, des évangéliques au sein de l'Eglise d'Angleterre, qui estiment qu'il y a dans cette communauté des problèmes plus graves à leurs yeux que l'ordination des femmes, avaient évoqué la possibilité d'un flying bishop pour le suivi pastoral des anglicans d'orientation évangélique. Ils n'étaient cependant pas parvenus à convaincre l'Archevêque de Canterbury du bien-fondé de leur demande. (JFM)
Pour découvrir en quelques paragraphes les arguments des anglicans qui souhaitent l'abolition de l'Acte de 1993 instituant lesflying bishops, lire l'article paru dans une revue anglicane de Melbourne: Muriel Porter, "Women Bishops, 'Flying Bishops' and the 'Theology of Taint'" (sept. 2001).
Pour un tour d'horizon sommaire de la situation en matière d'ordination des femmes dans la Communion anglicane, on peut lire la note de synthèse: "Women Priests in the Worldwide Anglican Communion". Depuis la décision de l'Eglise anglicane du Japon d'ordonner des femmes (1998), une majorité des provinces de la Communion anglicane acceptent aujourd'hui le sacerdoce féminin.
Religion et Internet au Japon
Dans le numéro de janvier 2002 (N° 62) de Echoes of Peace, organe de la Niwano Peace Foundation, Hiroyuki Kurosaki (Kokugakuin University) signe un article sur les usages religieux d'Internet dans le contexte social japonais. Rappelons que le Japon est un pays dans lequel près de la moitié de la population a aujourd'hui accès à Internet.
Comme ailleurs, dans d'autres contextes religieux, ce ne sont généralement pas les grandes organisations qui ont été les plus promptes à s'intéresser à Internet, dont les possibilités ont d'abord séduit des groupes plus petits ou des individus. En l'an 2000 encore, un exposé présenté par la chercheuse japonaise Michiko Maekawa (International Institute for the Study of Religion) et publié dans le N° 25 (2001) du Bulletin of the Nanzan Institute for Religion and Culture, estimait que les groupes chrétiens avaient eu le plus de succès dans la production de pages sur le Web, suivis par le groupes bouddhistes, puis par les groupes shintoïstes - ce qui ne reflète assurément pas la place réelle du christianisme dans le paysage religieux japonais. Michiko Maekawa associait bien entendu cet intérêt pour les technologies modernes à l'accent mis sur l'évangélisation.
Selon l'étude de Hiroyuki Kurosaki (spécialiste de l'information et de la communication dans les religions), les sites Web au Japon consacrés à la religion ont augmenté de 70% au cours des trois dernières années. C'est seulement vers 1997-98 que les grandes organisations religieuses au Japon ont véritablement commencé à s'intéresser à Internet et à développer leurs sites, après que des sites ouverts par des groupes numériquement moins importants soient devenus largement connus. Il donne comme exemple le site du sanctuaire shintoïste d'Atago, à Toyko, site établi en 1996 et qui offrait un "pèlerinage virtuel" (non sans susciter des controverses parmi les adeptes du Shinto). Mais l'Association des Sanctuaires Shinto (Jinja Honcho), organisation faîtière, a attendu 1999 pour ouvrir son site. L'intérêt semble maintenant bien éveillé, puisque plusieurs grandes associations religieuses du Japon ont organisé ces dernières années des séminaires pour évaluer l'impact et l'usage d'Internet. (JFM)
Adresses: Niwano Peace Foundation, Shamvilla Catherina 5F, 1-16-9 Shinjuku, Shunjuku-ku, Tokyo 160-0022, Japon [la Niwano Peace Foundation est une création du Rissho Kosei-kai, un mouvement religieux bouddhiste japonais fondé par Nikkyo Niwano (1906-1999)]. - Nanzan Institute for Religion and Culture, Nanzan University, 18 Yamazato-cho, Showa-ku, Nagoya 466, Japon.
Le Nanzan Institute for Religion and Culture publie l'une des principales revues de référence en langue occidentale sur les religions au Japon, le Japanese Journal of Religious Studies.
Islam et Internet: des "cyberfatwas"
Plusieurs chercheurs - comme par exemple Gary Bunt - ont déjà souligné l'impact potentiellement considérable d'Internet pour l'islam. C'est un sujet sur lequel revient Matthias Brückner dans le numéro de septembre 2001 de l'ISIM Newsletter (publiée par l'Institute for the Study of Islam in the Modern World, Pays-Bas), en s'insérant spécifiquement à la question des "fatwas en ligne". Cet article est directement accessible sur Internet.
Brückner distingue deux types de sites relatifs au fatwas (opinion sur une question légale émise par une personne qualifiée du point de vue du droit musulman). Les uns sont simplement des archives de fatwas émises dans un cadre classique, mais d'autres sont de véritables services produisant des fatwas en ligne, et contenant même des formulaires permettant de soumettre une question.
Brückner étudie le cas d'IslamiCity, un site établi aux Etats-Unis. Ce site a déjà publié quelque 5.000 fatwas sur Internet. Les imams qui émettent ces fatwas résident aux Etats-Unis pour les uns et à Beyrouth pour les autres. Cela signifie que les fatwas ainsi produites sont différentes des fatwas classiques, souligne Brückner: la réponse prend un caractère abstrait, en raison de l'absence de contact personnel, mais aussi parce que l'imam qui rédige la réponse ne peut pas connaître le contexte culturel et social dans lequel vit la personne qui l'interroge.
Mais Brückner observe aussi que l'usage même d'Internet donne lieu à de nouvelles questions qui exigent de nouvelles décisions juridiques. Par exemple, faut-il effectuer des ablutions avant de lire un Coran digital? Une profession de foi (par laquelle on devient musulman) faite dans un groupe de discussion (chatroom) sur Internet est-elle valide? Nous voyons ainsi comment des mutations technologiques exercent un effet direct sur la pratique et la perception d'une religion.
En outre, il faudrait ajouter que le développement du réseau Internet accroît encore l'éclatement des sources d'autorité dans le monde musulman (on peut aller demander une fatwa non à un érudit local, mais à un imam qui vit à l'autre bout du monde). (JFM)
Matthias Brückner a également créé un site Web en allemand qui offre de nombreuses ressources et liens sur la question des fatwas et cyberfatwas en général. Ce site porte un nom qui décrit bien son objet: www.cyberfatwa.de.
Millénarisme et culture américaine
Dans un exposé présenté en novembre 2001 à Denver à l'occasion de la conférence annuelle de l'American Academy of Religion, Yaakov Ariel (qui enseigne l'étude des religions à l'University of North Carolina (Chapel Hill) a présenté une intéressante communication sur la foi millénariste dans l'Amérique du 21e siècle. Les attentes apocalyptiques, a-t-il rappelé, sont largement répandues dans différentes composantes de la société américaine, et pas seulement sur les marges de celle-ci.
L'effet de la pensée millénariste sur la culture populaire américaine a atteint son apogée au cours des trois dernières années, avec le succès extraordinaire des livres de la série Left Behind (plus de 45 millions d'exemplaires vendus au total). Cette série a popularisé encore plus des termes clés des croyances millénaristes de type dispensationaliste. "Un développement important des dernières décennies du 20e siècle a donc été l'adoption de concepts et d'un vocabulaire millénaristes par la culture américaine, y compris des gens qui n'appartiennent pas à des groupes professant ouvertement la foi millénariste." Ce millénarisme est également présent en dehors des milieux religieux, sous la forme de craintes d'une apocalypse séculière (par exemple les problèmes écologiques). L'hystérie qui s'était développée autour du passage à l'an 2000 en a également constitué un indicateur. Ariel estime donc que l'on peut discerner depuis les années 1960 une montée de tonalités millénaristes dans différents secteurs de la société américaine. (Résumé)
Massimo Introvigne avait évoqué le contenu et le succès de Left Behind dans un exposé et une note complémentaire, accessibles tous deux sur le site du CESNUR. Malgré (ou à cause de?) son succès, la série Left Behind (9 volumes à ce jour) ne suscite cependant pas un enthousiasme unanime parmi les milieux évangéliques, comme le signale un article paru le 24 janvier 2002 dans le Washington Times, qui rappelle que ces milieux n'ont pas une doctrine millénariste unifiée.
Sur les mouvements millénaristes dans la culture américaine, on peut en outre lire: Daniel Wojcik, The End of the World as We Know It : Faith, Fatalism, and Apocalypse in America, New York / London, New York University Press, 1997.
Enfin, signalons que Yaakov Ariel est notamment l'auteur d'un remarquable ouvrage sur l'histoire des missions chrétiennes pour convertir les juifs aux Etats-Unis: Yaakov Ariel, Evangelizing the Chosen People: Mission to the Jews in America, 1880-2000, Chapel Hill / London, University of North Carolina Press, 2000. Le souci de la conversion des juifs en milieu évangélique étant, comme on le sait, souvent associé à des préoccupations millénaristes...
Mormonisme: statistiques
Pas inutile sans doute, à l'approche des Jeux olympiques d'hiver 2002 qui vont se tenir en Utah (Etat américain dont plus de 70% de la population appartient à l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours). Au 31 décembre 2000, l'Eglise comptait 11.068.861 fidèles dans le monde, dont 5.208.827 aux Etats-Unis et 5.860.034 en dehors des Etats-Unis. Il ne fait aucun doute que le pourcentage de membres non américains va continuer de croître et que ce sera l'un des facteurs qui vont le plus influencer les développements au sein du mouvement, même si ce mormonisme hors des Etats-Unis est souvent récent et n'a pas encore la stabilité de plusieurs générations qu'il a acquis dans l'Ouest américain. C'est surtout au Mexique (884.071 membres), en Amérique centrale (472.038) et en Amérique du Sud (2.548.979) que le développement du mormonisme est le plus spectaculaire. Les pays sud-américains qui comptent le plus de mormons sont (dans l'ordre) le Brésil, le Chili, le Pérou et l'Argentine En Europe, pour comparaison, les effectifs étaient de 412.907 (dont un peu moins de 140.000 en Angleterre, 25.000 environ en Ecosse, 7.000 au Pays de Galles).
L'espagnol est la deuxième langue la plus parlée parmi les mormons (3.339.831). A noter que le français ne figure pas au nombre des dix langues parlées par le plus grand nombre de mormons. Pour les pays de langue française ou partiellement français, les statistiques du 31 décembre 1999 indiquaient: France - 30.541; Suisse - 7.043; Belgique - 5.771; Québec - 8.500; Polynésie française - 16.230; Nouvelle-Calédonie - 1.449; Haiti - 8.157. Les chiffres pour les Antilles françaises et la Guyane étaient en revanche négligeables. En ce qui concerne l'Afrique francophone, les principales implantations mormones se situaient en République démocratique du Congo (8.197) et en Côte d'Ivoire (5.402). Rappelons que les Noirs n'avaient pas accès au sacerdoce jusqu'à une révélation de 1978: le développement dans les pays africains est donc récent.
Quelque 60.000 missionnaires sont à l'oeuvre dans l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours. En grande majorité, ce sont des jeunes entre 19 et 26 ans, qui consacrent deux ans de leur vie (pour les jeunes gens) et 18 mois (pour les jeunes femmes) au service de leur Eglise. On les reconnaît en général aisément, lorsqu'ils circulent deux par deux en tenue stricte et arborant une petite plaque d'identification à la boutonnière.
Depuis1999, un nombre considérable de temples mormons ont été inaugurés à travers le monde, en comparaison avec les années précédentes. C'est une indication de la volonté du mouvement d'enraciner solidement des communautés locales. (Comme on le sait, les temples mormons ne sont pas des lieux de réunion ordinaires pour les cultes hebdomadaires, mais servent à différentes cérémonies strictement réservées aux mormons pratiquants, comme par exemple le baptême pour les défunts et le "scellement" des mariages pour l'éternité.)
Ces données statistiques proviennent du site Web officiel de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours: www.lds.org. Des statistiques beaucoup plus détaillées sont publiées dans le volumineux Church Almanac publié par Deseret News (Salt Lake City), mais l'édition 2000-2001 (608 p.) a en fait été publiée à la fin de l'an 2000 et contient donc les statistiques au 31 décembre 1999.
Livre: I mormoni - dal Far West alle Olimpiadi
Ces prochaines semaines, nombreux seront les articles consacrés au mormonisme. Beaucoup de ces articles répéteront des clichés déjà souvent entendus au sujet de ces mouvement religieux à l'histoire en effet mouvementée et riche en épisodes tumultueux. La plupart des lecteurs non anglophones ignorent qu'il existe une production académique considérable sur le mormonisme en anglais, même si elle est souvent produite par des auteurs eux-mêmes mormons ou issus de la tradition mormone. Il existe également des revues intellectuelles mormones, dans lesquelles le débat est souvent vif.
Signalons donc un petit livre écrit par un prolifique auteur italien, Massimo Introvigne, excellent connaisseur (non mormon) du mormonisme, et qui a déjà consacré plusieurs ouvrages et articles à ce sujet (notamment, en français, Les Mormons, Ed. Brepols, 1991). En 120 pages et en italien, son nouvel ouvrage présente sous une forme aisément accessible un panorama de l'histoire et de la doctrine du mormonisme avec laquelle plusieurs lecteurs seront déjà familiers, mais en y intégrant les acquis de la recherche historique récente. L'image d'une communauté certainement pas uniforme, où coexistent "à un extrême des schismatiques 'fondamentalistes' encore nombreux", qui pratiquent la polygamie et ne vivent pas seulement dans des localités retirées dans le désert, mais jusqu'au coeur même de Salt Lake City; à l'intérieur même de l'Eglise, un "conservatisme diffus"; et à l'autre extrême, des dissidents "libéraux" - certains quittent l'Eglise, d'autres y forment une "opposition loyale" d'inclination moderniste (pp. 49-50). Mais aussi une religion dynamique et en croissance rapide. (JFM)
Massimo Introvigne, I mormoni - dal Far West alle Olimpiadi, Leumann (Torino), Editrice Elledici, 2002, 120 p.
REVER - une revue brésilienne
Un correspondant du Brésil, Frank Usarski, qui nous écrit pour saluer le lancement de Religioscope, nous signale par la même occasion une revue d'études religieuses en ligne publiée au Brésil, la Revista de Estudos da Religiào. Ce périodique est publié en portugais, mais il contient certains articles dans d'autres langues (par exemple, dans le N° 4 de l'an 2001, un article de Martin Baumann en anglais sur les problèmes autour de l'établissement d'un temple hindou dans une localité allemande) et de brefs résumés de chaque article en portugais, anglais, français et allemand.
Quatre numéros sont parus sur le Web en 2001, le premier consacré à "Héritage culturel et innovation religieuse", le deuxième à propos du "Potentiel critique des sciences de la religion", le troisième sur des "Thèmes émergents dans les sciences de la religion" et le quatrième autour du thème "Religion et religions dans un monde pluraliste". (JFM)