La lecture du dernier bulletin d'information allemand sur l'édition et la diffusion de l'œuvre de Jacob Lorber (mars-déc. 2001) révèle que celle-ci poursuit son internationalisation, après avoir été durant de longues années limitée surtout à l'espace germanophone.
Ces efforts sont activement soutenus par les lorbériens allemands. Ainsi, pour les pays de langue française, où le travail des Editions Hélios semblait compromis par le décès de leur animateur, Jean-Luc de Rougemont, un nouveau responsable a pu être trouvé pour reprendre le flambeau. Depuis, le septième volume du Grand Evangile de Jean est paru. Le huitième volume est déjà traduit et sa publication est en préparation.
Le bulletin signale des publications récentes ou imminentes de livres de Lorber aux Etats-Unis, au Brésil, en Espagne, en Grèce, en Norvège, en Suède, aux Pays-Bas, en République tchèque, en Bulgarie, en Slovénie, en Italie, en Pologne et en Russie.
Né dans les environs de Maribor (aujourd'hui en Slovénie), le musicien Jacob Lorber (1800-1864) passa la plus grande partie de sa vie à Graz, en Autriche. In éressé par les questions spirituelles, il lut des ouvrages de plusieurs auteurs, dont Böhme et Swedenborg. Le 15 mars 1840, alors qu'il s'appêtait à accepter un poste de second chef des chœurs de l'Opéra de Trieste, il était encore dans son lit tôt le matin lorsqu'il entendit une voix qui lui ordonna: "Lève-toi, prends ta plume et écris!" Il consacra dès ce moment une grande partie de son existence à consigner la révélation qu'il recevait, affirma-t-il, du Seigneur lui-même; le résultat de ces dictées couvrit 20 000 feuillets. Certains de ses amis en prirent connaissance et huit volumes furent publiés de son vivant, mais ils semblent n'avoir eu alors qu'un écho limité.
Les écrits de Lorber comprennent différentes catégories de textes. Le Grand Evangile de Jean entend compléter les Evangiles traditionnels à travers un récit détaillé de la vie du Christ dicté par lui-même. Une autre catégorie d’écrits de Lorber se présente comme la restitution d’écrits perdus du christianisme primitif, comme par exemple L'enfance de Jésus (qui serait l’Evangile de Jacques). Il y a enfin des œuvres sur l’univers créé (La Lune, Saturne…) et sur l’au-delà (par exemple L'Evêque Martin).
Au 19e siècle, on assista à de fortes interactions entre lecteurs de Lorber et milieux spirites. Les œuvres de Lorber purent progressivement être publiées grâce au soutien de fervents lecteurs. La diffusion des ouvrages de Lorber a été particulièrement favorisée par l’existence d’une active maison d'édition, installée depuis plus d’un siècle à Bietigheim (Wurttemberg). Les mesures répressives de l’époque nazie et la 2e Guerre mondiale marquèrent cependant une importante césure dans l’activité du mouvement: alors qu’il y avait 80 à100 cercles lorbériens en Allemagne en 1935, ce nombre chuta considérablement après le conflit.
Les cercles lorbériens ne se considèrent pas comme une dénomination religieuse séparée et aucune coupure avec l’appartenance religieuse d’origine n’est demandée, même si la Sainte Cène est occasionnellement célébrée dans certains de ces groupes. Comme le notait Kurt Hutten [1], l’intérêt pour Lorber se manifeste aussi bien chez des chrétiens pratiquants que chez des croyants aux extraterrestres, des groupes de végétariens ou des milieux ésotériques.
La diffusion de l’œuvre de Lorber est aujourd'hui rendue possible grâce à l'activité d'une association fondée en 1987 pour soutenir financièrement les efforts visant à faire connaître le message de Lorber: cela a permis la multiplication d’éditions en d’autres langues que l’allemand, mais aussi d'offrir des séries de volumes de Lorber à de nombreuses bibliothèques allemandes, suisses et autrichiennes. Matthias Pöhlmann, qui a consacré il y a quelques années, un livre très documenté à Lorber et à ses disciples [2], y estimait qu'on pouvait parler d'un regain d'activité des cercles lorbériens depuis les années 1980. (JFM)
Adresse: Lorber-Verlag, Postfach 1851, 74308 Bietigheim-Bissingen, Allemagne.
[1] Kurt Hutten, Seher, Grübler, Enthusiasten. Das Buch der traditionellen Sekten und religiösen Sonderbewegungen, 12e éd., Stuttgart, Quell Verlag, 1982, p. 583-606.
[2] Matthias Pöhlmann, Lorber-Bewegung: durch Jenseitswissen zum Heil?, Constance, Friedrich Bahn Verlag, 1994.