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Analyse: l’alévisme en Turquie

Par Olivier Moos - Religioscope, 21 janvier 2015
La question alévie en Turquie est revenue sur le devant de la scène médiatique en été 2013, à l’occasion d’une série de manifestations contre la politique du Parti pour la Justice et le Développement AKP/PJD, au pouvoir depuis 2002. Les différents motifs qui mobilisèrent plusieurs millions de Turcs à travers le pays se déclinèrent essentiellement sur du politique et du social, mais révélèrent également un renouveau de la tension entre un sunnisme majoritaire, soutenu par l’État et le discours officiel, et la plus importante minorité non sunnite du pays, les alévis.
Une image telle qu’on peut en trouver dans les maisons alévies: en haut, Ali et Hadji Bektash Veli (13e siècle) (source de la photographie: Ehlibeyt Alevi, 2012 – via Wikipedia).

Débutée relativement modestement par des protestations contre un plan de suppression d’une rare zone verte dans le centre d’Istanbul, le Parc de Gezi, à Taksim, cette première mobilisation aux motifs environnementalistes, réprimée avec violence par la police, s’amplifia rapidement en une vague de protestations touchant de nombreuses villes du pays. Partis d’une préoccupation d’écologie urbaine, les slogans des manifestants débordèrent rapidement sur des questions de liberté d’expression et d’assemblée, sur le traitement répressif réservé à la presse, sur la défense du sécularisme ou encore, et plus particulièrement, sur l’autoritarisme croissant de l’ex-Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, issu de l’AKP. L’opposition au gouvernement s’inspira d’une multitude de motifs et s’appuya sur diverses coalitions (ONG, syndicats, partis politiques), globalement menées par les milieux de la classe moyenne de tendance séculière et libérale, et impliquant, entre autres, journalistes, féministes, jeunesses urbaines, entrepreneurs ou encore nationalistes kurdes. La principale bannière qui réunissait cette diversité d’acteurs était une opposition au style autoritaire et clientéliste du PJD.

La participation des alévis, eux-mêmes largement répartis parmi ces différents motifs et coalitions, fut non seulement massive, mais aussi endeuillée de plusieurs victimes. Ce récent retour de la question alévie en Turquie se déroule dans un contexte caractérisé par une crise syrienne sur sa frontière sud, crise dont le caractère confessionnel et communautariste devient de plus en plus alarmant.

Une des difficultés majeures à circonscrire ce que recouvre l’identité alévie provient de l’ambiguïté du terme. Parlons-nous d’un groupe ethnique, d’un mouvement social et/ou politique dont l’appartenance s’articule autour d’une tradition orale et une mémoire historique partagée, ou encore d’une minorité religieuse non musulmane, d’une confrérie soufie comme les autres (ainsi que l’AKP semblait considérer cette communauté il y a encore quelques années)?

Pour lire de cette analyse, veuillez voir le document ci-dessous ou télécharger le texte au format PDF (11 pages, 360 Ko).

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